mardi 6 novembre 2007

Note pour Ludiwine

Salut !

Je ne connais pas personnellement São Paulo (j'ai seulement fait une connexion à l'aéroport là-bas), alors je te parle seulement fondée sur des éléments de «culture générale», de ce que je vois dans la presse brésilienne, et des personnes de ma famille et des amis qui habitent là-bas. São Paulo est une métropole énorme, elle compte plus de 20 million d'habitants (si on compte avec «la banlieue»). Alors, tout d'abord il y a des avantages et désavantages des villes de cette taille. Comme avantage, tu peux trouver tout et n'importe quoi là-bas, cuisine de tous les coins du monde, une énorme variété d'évènements culturels. C'est aussi assez cosmopolite, formé par des immigrés de plusieurs parties du monde, par exemple, il y a plus de 1 million de descendants de japonais là-bas. Toutefois, tout ça se fusionne très bien au Brésil, il n'y a pas de ghettos d'immigrés, ni une idée de transformer les gens dans un modèle du brésilien idéal. En général, je dirais que des questions d'origine simplement ne se posent pas au Brésil (au moins je n'avais jamais entendu parler de ça là-bas). Quand j'étais à Budapest, j'ai trouvé par hasard dans un musée là-bas un hongrois âgé d'une cinquantaine d'années qui a vécu au Brésil pendant 7 ans (et que maintenant habite en Argentine). La conversation était à peu près comme ça:


[je suis en train de me promener dans le musée...]

Lui: Could you take a picture of me?

Moi: Yes, of course.

Lui: Are you spanish? [la première chose que tout le monde me demande en Europe est si je suis espagnol (ou parfois italien)]

Moi: No, I'm Brazilian.

[ses yeux ouvrent en étonnement et brillent comme deux phares]

Lui: Brasil?! Adoooooro! [ici il parle en portugais avec un accent rigolo: «Brésil?! J'adoooore». À partir de ce point, la conversation continue en portugais]

Il me raconte qu'il a vécu pendant 7 ans au Brésil, que ses deux fils sont nées au Brésil, mais que maintenant ils sont en Argentine. Il me dit:

- Quand on arrive au Brésil, on se sent tout suite brésilien, les gens sont très accueillants, c'est impressionnant, le Brésil nous absorbe complètement. En Argentine ils démontrent que nous ne serons jamais un d'entre eux, pas au Brésil. Les gens au Brésil sont fabuleux, ils ont toujours un sourire sur le visage; en Argentine, non, ils sont comme ça (il fait un grimace triste), ils se plaignent tout le temps, du travail, de sa femme. Au Brésil, non! Les gens ont la joie de vivre, même quand les choses ne vont pas bien. Je suis en Argentine pour des raisons de travail, mais mon cœur, lui est resté au Brésil.

[après on s'assoit par terre dans le musée et on continue à parler pendant plusieurs minutes, il prend mon plan de Budapest et me parle des endroits qui vaillent la peine visiter dans la ville du point de vue d'un brésilien, par exemple, il me dit «La station de train Nyugati avec sa structure en fer construite par Eiffel, ça vaut pas la peine de visiter, c'est comme la Estaçao da Sé à São Paulo, il n'a rien de nouveau pour un brésilien...»]


Le côté super-grande ville apporte aussi la pollution, le trafic fou. La violence urbaine est très présente au Brésil et fortement liée aux inégalités. À São Paulo elle est plutôt concentré dans les banlieues pauvres. La violence rentre dans le quotidien des gens, dans le sens où on adapte son style de vie. Par exemple, on ne compte pas à se promener dans la rue tard dans la nuit. Mais on peut vivre de façon «normale».

À Sarajevo, lors du siège qui a durée 4 ans dans les années 90, ils avaient des franc-tireurs éparpillés dans la ville et près à abattre n'importe qui que croisait sa ligne de tir. La guerre a tellement durée qui les gens se sont adaptés à mener une vie «normale» dans la ville en guerre. J'ai vu des documentaires où des parents amènent leurs enfants à l'école en se tapant à coté des murs pour ne pas être touchés par les franc-tireurs. Je crois que les petits trouvaient normal aller à l'école comme ça.

Bon, au Brésil ce n'est pas la guerre, et il n'y a pas des franc-tireurs, mais des «adaptations» sont parfois nécessaires. Récemment dans la section "Travel" du New York Times a paru un petit reportage sur São Paulo. La phrase d'ouverture est curieuse: "IT may be the ugliest, most dangerous city you'll ever love."

1 commentaire:

Marina a dit…

São Paulo, São Paulo... j'ai toujours vécu dans cette magnifique jungle de pierres et, à chaque jour, je me perds dans les rues et je découvre des choses.

C'est vrai que la ville en soi n'est pas très jolie (oui, il y a des favelas un peu partout et la ville n'est pas du tout planifiée). Parfois je me sens même etouffée par la hauteur de bâtiments qui m'entourent et parfois il est même difficile de voir le ciel! Je me sens aussi un peu emprisonnée par la violence, parce qu'on dit toujours "qu'il ne faut pas s'arrêter dans le feu rouge quand il fait nuit".

Cependant, São Paulo n'est pas que ça. C'est impossible de venir ici et ne pas tomber amoureux des GENS. Les gens sont ouverts, ils aiment bien partager leurs vies, ils aiment bien parler de tout et n'importe quoi dans l'ascenseur, dans le bus, dans le taxi. Ils aiment bien embrasser les gens, prendre les autres dans leurs bras, dire les choses qu'ils ressentent. Ils savent très bien où fêter, ils aiment bien danser (oui, le samba n'est pas qu'à Rio!), ils sourient tout le temps (même avec le stress d'une grande ville). Enfin, les gens adorent vivre, en dépit de la pollution, de la violence, blablablabla...

Alors, je ne pourrais pas dire autre chose. Je suis paulista à 100% et j'en suis fière!

ps. juste une précision: Sergito, je crois que tu t'es trompé... je crois que ton ami hongrois a parlé de la station de train LUZ, et non pas SÉ.
D'ailleurs, si tu n'es jamais venu à São Paulo (comment est-ce possible??), je t'invite...