jeudi 22 novembre 2007

Pendant la pause café au labo...

Prof. A : Mince, l'équipe est trop nombreuse maintenant, on a plus assez de chaises pour tout le monde dans la sale café...

Prof. B : Euh oui, il faut qu'on commande plus de chaises.

Prof. A : Mais non, il suffit qu'on invite moins du monde à chaque fois !

Prof. B : Voilà, on a toujours la solution de gauche et la solution de droite !

mardi 13 novembre 2007

Rencontre avec un mafioso

Je marche dans la rue pour aller au travail. Dans un carrefour, une voiture s'arrête. Le conducteur m'aborde... Je croyais qu'il demanderait des directions...

Lui : Bonjour !

Moi : Bonjour !

Lui: Italiano ?

Moi: Non, je suis brésilien.

Lui: Fala português?

Moi: Isso, falo português.

Lui: Non, mais moi je ne parle pas portugais. Je suis italien, mais je parle un peu de français. Il fait chaud au Brésil, n'est-pas ? Qu'est-ce que vous faites ici ?

Moi: Ouais, ce n'est pas grave, l'année prochaine je rentrerai là-bas...

Lui: Je fais des livraisons, j'ai un camion. Mais ici je ne suis pas dans mon camion, c'est une voiture louée [il me montre les clés de la voiture avec un porte-clé Ada]. Je viens d'une exposition de mode aux Galeries Lafayette [il sort un plan de Paris et me montre où sont les Galeries Lafayette]. L'exposition est finie, et il y a des choses qui sont restées. Vous voyez, il n'y a pas de problème, il n'y a rien qui manque, ce sont des choses qui sont restées. Moi, je ne suis pas vendeur, je fais des livraisons, je ne cherche pas à vendre des choses. Je ne veux que me débarrasser de choses qui sont restées avant de rentrer.

Moi: Qu'est-ce que vous voulez exactement ?

Lui: Regardez, j'ai ça qui est resté dans mon camion [il me montre un sac: "Emporio Armani", il l'ouvre. Dans le sac, trois superbes vestes toutes nouvelles en cuir véritable, avec des étiquettes "Emporio Armani". Les vestes n'ont pas l'air d'être falsifiées, elles semblent être de très bonne qualité]. Je vois que vous aimez des choses de qualité [je portais une veste en cuir]. Mais je ne suis pas vendeur, je ne cherche pas de l'argent, tout ce que je veux c'est un geste amicaaAAaale [avec l'accent italien mafioso].

Moi: [euh mince, comment je vais me débarrasser de ce mafioso? Ce n'est pas bon que je dise que ne veux pas acheter des trucs volés, il peut sortir sa mitrailleuse du bas du siège... ;-) Ah, je sais...] Mais ces vestes, ils sont de quelle taille ? [sans doute ils vont être trop petites pour moi]

Lui: Ils sont tous XL, c'est votre taille!

Moi: [mince, ça n'a pas marché...] Euh, au fait, je ne suis pas intéressé, je n'ai pas besoin.

Lui: Allez, je ne cherche pas de l'argent, seulement un geste amicaaAAaale! Combien vous avez sur vous?

Moi: [il faut que je dise quelque chose vraiment ridicule pour qu'il désiste] Euh, j'ai toujours presque rien en espèce sur moi, je ne dois avoir même pas 20 euros...

Lui: Mais, dites-moi le maximum que vous pouvez donner, et c'est bon !

Moi: Regardez, vraiment, je ne suis pas intéressé, vous allez sans doute trouver une autre personne qui sera intéressée.

Lui: Bon, d'accord, bonne journée.

Moi: Bonne journée.

mardi 6 novembre 2007

Note pour Ludiwine

Salut !

Je ne connais pas personnellement São Paulo (j'ai seulement fait une connexion à l'aéroport là-bas), alors je te parle seulement fondée sur des éléments de «culture générale», de ce que je vois dans la presse brésilienne, et des personnes de ma famille et des amis qui habitent là-bas. São Paulo est une métropole énorme, elle compte plus de 20 million d'habitants (si on compte avec «la banlieue»). Alors, tout d'abord il y a des avantages et désavantages des villes de cette taille. Comme avantage, tu peux trouver tout et n'importe quoi là-bas, cuisine de tous les coins du monde, une énorme variété d'évènements culturels. C'est aussi assez cosmopolite, formé par des immigrés de plusieurs parties du monde, par exemple, il y a plus de 1 million de descendants de japonais là-bas. Toutefois, tout ça se fusionne très bien au Brésil, il n'y a pas de ghettos d'immigrés, ni une idée de transformer les gens dans un modèle du brésilien idéal. En général, je dirais que des questions d'origine simplement ne se posent pas au Brésil (au moins je n'avais jamais entendu parler de ça là-bas). Quand j'étais à Budapest, j'ai trouvé par hasard dans un musée là-bas un hongrois âgé d'une cinquantaine d'années qui a vécu au Brésil pendant 7 ans (et que maintenant habite en Argentine). La conversation était à peu près comme ça:


[je suis en train de me promener dans le musée...]

Lui: Could you take a picture of me?

Moi: Yes, of course.

Lui: Are you spanish? [la première chose que tout le monde me demande en Europe est si je suis espagnol (ou parfois italien)]

Moi: No, I'm Brazilian.

[ses yeux ouvrent en étonnement et brillent comme deux phares]

Lui: Brasil?! Adoooooro! [ici il parle en portugais avec un accent rigolo: «Brésil?! J'adoooore». À partir de ce point, la conversation continue en portugais]

Il me raconte qu'il a vécu pendant 7 ans au Brésil, que ses deux fils sont nées au Brésil, mais que maintenant ils sont en Argentine. Il me dit:

- Quand on arrive au Brésil, on se sent tout suite brésilien, les gens sont très accueillants, c'est impressionnant, le Brésil nous absorbe complètement. En Argentine ils démontrent que nous ne serons jamais un d'entre eux, pas au Brésil. Les gens au Brésil sont fabuleux, ils ont toujours un sourire sur le visage; en Argentine, non, ils sont comme ça (il fait un grimace triste), ils se plaignent tout le temps, du travail, de sa femme. Au Brésil, non! Les gens ont la joie de vivre, même quand les choses ne vont pas bien. Je suis en Argentine pour des raisons de travail, mais mon cœur, lui est resté au Brésil.

[après on s'assoit par terre dans le musée et on continue à parler pendant plusieurs minutes, il prend mon plan de Budapest et me parle des endroits qui vaillent la peine visiter dans la ville du point de vue d'un brésilien, par exemple, il me dit «La station de train Nyugati avec sa structure en fer construite par Eiffel, ça vaut pas la peine de visiter, c'est comme la Estaçao da Sé à São Paulo, il n'a rien de nouveau pour un brésilien...»]


Le côté super-grande ville apporte aussi la pollution, le trafic fou. La violence urbaine est très présente au Brésil et fortement liée aux inégalités. À São Paulo elle est plutôt concentré dans les banlieues pauvres. La violence rentre dans le quotidien des gens, dans le sens où on adapte son style de vie. Par exemple, on ne compte pas à se promener dans la rue tard dans la nuit. Mais on peut vivre de façon «normale».

À Sarajevo, lors du siège qui a durée 4 ans dans les années 90, ils avaient des franc-tireurs éparpillés dans la ville et près à abattre n'importe qui que croisait sa ligne de tir. La guerre a tellement durée qui les gens se sont adaptés à mener une vie «normale» dans la ville en guerre. J'ai vu des documentaires où des parents amènent leurs enfants à l'école en se tapant à coté des murs pour ne pas être touchés par les franc-tireurs. Je crois que les petits trouvaient normal aller à l'école comme ça.

Bon, au Brésil ce n'est pas la guerre, et il n'y a pas des franc-tireurs, mais des «adaptations» sont parfois nécessaires. Récemment dans la section "Travel" du New York Times a paru un petit reportage sur São Paulo. La phrase d'ouverture est curieuse: "IT may be the ugliest, most dangerous city you'll ever love."

mercredi 17 octobre 2007

Chacun pour soi: l'étonnante soli-darité

Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes (paroles de Jésus, la Bible, Matthieu, chap. 7, vs. 12)

Les temps modernes ne cessent pas de me surprendre. Il y a quelque temps, la maxime exprimée par l'épigraphe ci-dessus était connue comme la règle d'or. J'ai toujours tenu pour acquis le fait que cette maxime était aussi l'idéal de la solidarité: un commandement pour l'action envers l'autre, non parce que nous attendons quelque chose en retour, non parce que l'autre a déjà nous rendu service dans le passé, non plus parce que nous attendons une reconnaissance future, mais simplement parce que nous le jugeons droit de le faire.

Bon, combien les choses changent. Hier, je me suis aperçu que, au fait, pour quelques uns, peut-être même pour beaucoup, l'agir pour le bien de quelqu'un est vu comme un énorme manque de solidarité. L'argument ce développe à peu près comme suit (comme il me parait tellement alien, peut-être que je n'arriverai pas à bien l'exprimer):

  • La conclusion inattendue: si vous faites quelque chose pour quelqu'un, vous manquez de solidarité envers les personnes.
  • Les raisons:
    • Puisque les gens savent qu'elles ne peuvent jamais compter sur personne, elles ne vivent que pour elles-mêmes. Les autres ne doivent jamais savoir quoi qu'il soit de leurs vies, de ses besoins;
      • Corollaire: puisque l'on n'a pas le droit de connaitre leurs besoins, on ne peut pas les aider.
    • Ne compter jamais sur personne est considéré un acte de solidarité (nous nommerons cela de soli-darité). C'est une soli-darité envers le prochain, puisque vous n'êtes jamais un poids pour lui.
    • Quand vous aidez quelqu'un vous troubler l'équilibre de la soli-darité, vous n'êtes pas soli-daire quand vous ne partagez pas les principes de soli-darité. Vous déclenchez une rage incroyable dans les personnes soli-daires qui n'ont jamais été aidées quand ils ont eu besoin.

La réaction:

"Comment osez-vous être si peu soli-daire? Ça m'étonne vraiment que vous tombez sur ces pièges, ne savez-vous pas que c'est chacun pour soi? Où est votre soli-darité?"