mercredi 17 octobre 2007

Chacun pour soi: l'étonnante soli-darité

Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes (paroles de Jésus, la Bible, Matthieu, chap. 7, vs. 12)

Les temps modernes ne cessent pas de me surprendre. Il y a quelque temps, la maxime exprimée par l'épigraphe ci-dessus était connue comme la règle d'or. J'ai toujours tenu pour acquis le fait que cette maxime était aussi l'idéal de la solidarité: un commandement pour l'action envers l'autre, non parce que nous attendons quelque chose en retour, non parce que l'autre a déjà nous rendu service dans le passé, non plus parce que nous attendons une reconnaissance future, mais simplement parce que nous le jugeons droit de le faire.

Bon, combien les choses changent. Hier, je me suis aperçu que, au fait, pour quelques uns, peut-être même pour beaucoup, l'agir pour le bien de quelqu'un est vu comme un énorme manque de solidarité. L'argument ce développe à peu près comme suit (comme il me parait tellement alien, peut-être que je n'arriverai pas à bien l'exprimer):

  • La conclusion inattendue: si vous faites quelque chose pour quelqu'un, vous manquez de solidarité envers les personnes.
  • Les raisons:
    • Puisque les gens savent qu'elles ne peuvent jamais compter sur personne, elles ne vivent que pour elles-mêmes. Les autres ne doivent jamais savoir quoi qu'il soit de leurs vies, de ses besoins;
      • Corollaire: puisque l'on n'a pas le droit de connaitre leurs besoins, on ne peut pas les aider.
    • Ne compter jamais sur personne est considéré un acte de solidarité (nous nommerons cela de soli-darité). C'est une soli-darité envers le prochain, puisque vous n'êtes jamais un poids pour lui.
    • Quand vous aidez quelqu'un vous troubler l'équilibre de la soli-darité, vous n'êtes pas soli-daire quand vous ne partagez pas les principes de soli-darité. Vous déclenchez une rage incroyable dans les personnes soli-daires qui n'ont jamais été aidées quand ils ont eu besoin.

La réaction:

"Comment osez-vous être si peu soli-daire? Ça m'étonne vraiment que vous tombez sur ces pièges, ne savez-vous pas que c'est chacun pour soi? Où est votre soli-darité?"